Ah, le macaron...
Le roi des "petits fours" sucrés. Moelleux à souhait, qui disparait en une bouchée, libérant des saveurs puissantes et variables à l'infini, il est devenu une signature de la patisserie à la française. Des maisons en ont même fait leur spécialité ! Qui ne connaît la réputation mondiale des macarons Ladurée ou Pierre Hermé !
En petits patissiers amateurs que nous sommes, combien de fois avons-nous entendu que le macaron était d'une difficulté insurmontable à réaliser ? Et combien d'entre nous ont effectivement obtenus un résultat bien loin de leurs espérances ?
Et pourtant, il n'est pas si difficile que ça a réaliser ! A conditions de suivre un certain nombres de règles. Rassurez-vous, j'ai moi même mis plus d'un ans, à macaronner quasiment chaque semaine, avant d'arriver à obtenir de beaux macarons de façon régulière, aussi, le premier conseil que je donnerais : n'abandonnez pas ! On apprend de nos erreurs et de nos échecs, et c'est encore plus vrai en patisserie !
Pour résumer, la recette du macaron incarne les règles de base que tout patissier doit appliquer :
1°/ La Précision : la patisserie, bien plus que la cuisine, ne souffre aucune imprécision, dans les temps de cuisson, dans la quantité d'ingrédients, dans la qualité des ingrédients, dans l'ordre des mélanges. La réussite ou l'échec d'une patisserie peut se jouer à quelques minutes de cuisson en trop, quelques degrés en moins, ou quelques grammes de farine d'écart. Il est ainsi très difficile de faire de la patisserie sans une sonde et une balance électronique. Il est aussi indispensable de choisir de bons ingrédients, en particulier les chocolats et le beurre.
2°/ Connaître votre four : la plupart des patisseries se cuisent au four. Mais chaque four est différent ! Sur les recettes que vous lirez, il y aura des indications de température et de temps de cuisson, mais celles-ci peuvent grandement varier d'un four à l'autre. Adaptez toujours ces données à votre four. Il est souvent nécessaire de rater plusieurs fois la cuisson du macaron avant de trouver la combinaison température/durée qui convient.
3°/ Suivre la recette à la lettre avant de la modifier : n'essayez pas d'improviser dès le départ. On commence toujours par suivre la recette à la lettre, dans les moindres détails. Vous ne pouvez pas prétendre avoir raté une recette si vous avez dévié, ne serait-ce qu'un peu, des indications qui y figurent. En patisserie, le moindre petit écart peut changer beaucoup de choses. Et en matière de macarons, c'est encore plus vrai !
Donc, suivez une (ou plusieurs) recette à la lettre, avant de commencer à la modifier, à la combiner, les informations que vous tirerez de ce respect des consignes vous aideront à améliorer votre art.
Voilà pour les 3 règles de la patisserie.
Nous allons passer à la recette de base du macaron. Un macaron, ce sont deux coques qui entourent une garniture : celle-ci peut-être une ganache, une confiture ou une crème au beurre. Certaines recettes plus complexes vont chercher plus loin dans la garniture, mais elles nécessitent souvent plus de maitrise.
Avant de vous décrire, pas à pas, la recette, quelques conseils propre au macaron :
1°/ Après assemblage, un macaron doit se conserver un minimum de 12 à 24h au frigidaire avant d'être dégusté. En effet, après avoir refroidie, le macaron a tendance à sécher un peu et à se durcir. Conserver le macaron au frigidaire pendant cette durée permet à la garniture et aux coques de s'imprégner l'un de l'autre, et en particulier au macaron de capter l'humidité de la garniture et du frigidaire pour prendre sa consistance moelleuse. Déguster un macaron dès son assemblage vous décevra : il sera dur, et l'osmose ne s'étant pas faite, le goût sera loin d'être à son apogée.
2°/ Vous pouvez utiliser des blancs dits "liquéfiés" : au lieu de les utiliser frais, placez-les dans un bol recouvert d'un film étirable que vous placerez au frigidaire pendant quelques jours (jusqu'à 7 jours, idéalement). Le blanc perdra de son élasticité, il sera ainsi plus adapté pour passer au fouet et montera mieux en neige. Cependant, ne pensez pas que c'est nécessaire pour réussir un macaron.
3°/ Préparez votre garniture la veille : au frigidaire, dans un plat, recouvert d'un film au contact de la garniture, elle durcira, ce qui facilitera ensuite l'assemblage. Ceci est fondamental pour les crèmes au beurre, qui ont besoin de maturer pour prendre leur texture et leur savoir. Optionnel pour les ganaches à base de chocolat blanc, je vous conseille néanmoins de le faire si vous ne voulez pas voir votre garniture, les premières fois, couler lors de l'assemblage. La ganache au chocolat noir dont je vous trouverez la recette sur la fiche du macaron correspondant est l'exception : elle prend très rapidement de la consistance, et peut être utilisée sans problème dans les heures qui suivent sa conception.
Voilà pour ces quelques conseils. Je les compléterez s'il m'en vient d'autres lors de mes prochaines réalisations (que je photographierais !)
Passons à la recette. Il existe à peu prêt autant de recettes de macarons qu'il y a de maisons de patisserie sur le globe. Les ingrédients du macaron sont simples : de la poudre d'amandes, du sucre glace, des blancs d'oeufs montés en meringue avec du sucre glace, éventuellement du colorant alimentaire et des éléments décoratifs, voir des aromes naturels pour certaines réalisations.
Les différences entre les recettes proviennent principalement du dosage poudre d'amandes/sucre glace : certains emploient un moitié-moitié (autant de poudre d'amandes que de sucre glace), tandis que préfèrent employer une dose plus importante de sucre glace par rapport à la poudre d'amandes.
La seconde différence provient de la meringue : la recette traditionnelle veut que la meringue soit montée à la française : comprendre par là qu'on réalise une meringue tout à fait classique, dite française, où le sucre cristallisé est intégré tel quel dans les blancs d'oeufs, au fur et à mesure de la montée, à vitesse de fouets lente, qu'on accélerera vers la fin de la montée. D'autres patissiers ont développé une recette où la meringue employée est italienne : le sucre est alors cuit jusqu'à 118°C avec de l'eau avant d'être incorporé sur les blancs à moitié montés (cette fois à grande vitesse de fouets, que l'on réduira en fin de montée).
Ma préférence se porte sur la meringue italienne, et la recette que je vais vous présenter ici vous fait préparer une meringue italienne : de mes expérience, je trouve le résultat plus constant avec la meringue italienne. L'inconvénient de cette recette, est qu'elle est irréalisable sans une sonde ou un thermomètre de cuisson montant au moins à 150°C et précis au degré prêt. Je vous présenterais plus tard une autre recette sur meringue française.
Un conseil général : Si vous employez une meringe française dans votre recette, prenez le temps de monter les blancs à vitesse lente, ils tiendront ainsi mieux le macaronnage. Incorporez le sucre progressivement et laissez lui bien le temps de se dissoudre dans les blancs : la patience est de rigueur. Vous pouvez légèrement augmenter la vitesse du fouet en fin de montée.
Si vous employez une meringue italienne, le conseil est l'inverse. Le sucre se cuit jusqu'à 118°C dans le macaron (dans une vraie meringue italienne, on monte jusqu'à 120, 121°C) : commencez à monter le blancs quand il atteint 115°C, à vitesse rapide. Le sucre cuit s'incorpore en une seule fois. Une ou deux minutes après avoir incorporé les blancs, réduisez la vitesse du fouet.
Pour colorez vos macarons, l'emploi de colorants alimentaires est indispensable. J'ai pour ma part une préférence pour les colorants en poudre, mais les colorants liquides font aussi très bien l'affaire. Le colorant en poudre se rajoute directement au mélange sucre glace/poudre d'amande, tandis que le colorant liquide se rajoute dans les blancs qui ne se montent pas en neige (voir le pas à pas détaillé plus bas : dans ma recette, qui est celle de Pierre Hermé, on ne monte que la moitié des blancs). Dans tous les cas, n'abusez pas de la quantité, surtout si vous employez du colorant en poudre : une toute petite pointe de couteau suffit amplement !
Dernière remarque avant de passer au pas à pas détaillé du macaronnage, choisissez bien vos ingrédients ! Autant, pour les oeufs ou le sucre, le choix peut se faire sans trop de réflexion, autant pour la poudre d'amandes il est indispensable d'avoir une poudre extrêmement fine, sans quoi vos macarons seront grumeleux, craqueront, bref tout ce que l'on veut éviter. Pour les parisiens, je vous conseille d'aller chez G.Detou (voir cet article) qui possède une poudre d'amandes remarquable. Sinon, n'hésitez pas à passer la poudre que vous avez une nouvelle fois au mixeur/blender, ou mieux, au cutter de table. Vous pouvez aussi mixer des amandes émondées entières. L'inconvénient du mixeur est que la chaleur va rendre la poudre d'amande très compacte, et la passer au tamis ensuite sera un vrai calvaire. Une astuce : une fois la poudre finement passée au mixeur, étalez là sur une plaque à patisserie et passez là quelques minutes au four, pour la faire sécher un peu. Dans tous les cas, il faut la passer, avec le sucre glace, au tamis !
Passons au Pas à Pas détaillé de la coque des macarons !
Ingrédients
300g de poudre d'amandes très fine
300g de sucre glace
110g de blancs d'oeufs (le dosage est très important !)
+
110g de blancs d'oeufs (une deuxième pesée)
300g de sucre cristallisé
75g d'eau de source ou filtrée
1) Passez au tamis la poudre d'amandes et le sucre glace que vous placerez dans un très grand bol. Cette étape est très important pour obtenir une pate homogène.
2) Versez sur le mélange la première pesée de blancs d'oeufs. Si vous utilisez un colorant alimentaire liquide, diluez le dans les blancs avec une fourchette avant de les verser. Si vous utilisez un colorant alimentaire en poudre, placez en à peine une pointe de couteau dans le mélange poudre d'amandes/sucre glace avant de verser les blancs. Ne mélangez surtout pas !
3) Réalisons la meringue italienne : munissez vous de votre sonde ou thermomètre de cuisson. Dans une casserolle, faites cuire le sucre et l'eau. Lorsque le mélange aura atteint 115°C, commencez à monter à grande vitesse la deuxième pesée de blancs d'oeufs. Lorsque le sucre aura atteint 118°C, otez le immédiatement du feu et versez le dans les blancs à moitié monté sans arrêter le fouet. Après 1 longue minute, réduisez la vitesse du fouet, et continuez à battre la meringue italienne jusqu'à ce que la température soit redescendue autour de 45°C.
4) Versez votre meringue italienne sur le mélange poudre d'amandes/sucre glace. Munissez vous d'une spatule en silicone souple (aussi appellé maryse), et commencez à délicatement mélanger, de l'intérieur vers l'extérieur, en donnant au bol un mouvement circulaire avec votre autre main. N'hésitez vraiment pas à aller chercher au centre, puis à soulever vers l'extérieur : vous devez bien homogéneïser l'ensemble. Souvent, les premières fois, on n'ose pas trop mélanger, du coup il va rester de poches de poudre qui ne seront pas incorporés aux blancs, très mauvais au palais, source de bosses et de craquelure sur vos macarons. Assurez vous donc d'avoir bien mélangé.
5) La pate à macaron doit retomber un peu pendant le mélange. Continuez à mélanger jusqu'à ce que la pate commence à briller en surface. Pour savoir si vous l'avez suffisamment faite retomber (on appelle cette étape le macaronnage), soulevez avec la maryse un peu de pate et faite la retomber dans le mélange : elle doit se réincorporer à l'ensemble progressivement, mais entièrement, du moins si vous voulez que vos macarons n'aient pas la petite pointe lors du pochage. Faites attention à ne pas trop la faire retomber, votre pate serait alors trop liquide et les macarons impossibles à pocher correctement. C'est un "coup de main" qu'il est nécessaire de prendre, et qui viendra avec la pratique : ne vous découragez pas !
6) Munissez vous d'une grande poche à douille équipe d'une douille unie n°8. Sur une plaque à patisserie (il en faut, pour cette quantité de pate, environ 4) que vous aurez au préalable couverte d'une feuille de papier sulfurisé, formez vos coque en plaçant la poche environ 2cm au dessus du papier sulfurisé, pressez pour obtenir des dômes de 3 à 3,5cm de diamètre, en quinconce, espacés de 2cm (les macarons vont un peu s'étaler, il est donc important de respectez cet ordonnancement ! Je vous fais une photo aussi vite que possible). Pour que la pate cesse de couleur, arrêter de presser sur la poche, et donnez à la douille un quart de tour en la soulevant vers l'avant : une petite pointe va se former. Si vous avez suffisamment macaronné, la pointe va retomber progressivement. Vous pouvez l'aider en tapant la plaque à patisserie (une fois l'ensemble des coques de la plaque formées) sur le plan de travail recouvert d'un linge.
7) Formez ainsi vos 4 (ou plus, ou moins) plaques de coques. Si vous n'avez pas assez de plaques, formez et cuisez en plusieurs fois (laissez alors la pate en attente dans la poche, ou recouvrez le bol d'un film plastique). Laissez crouter à l'air libre pendant au moins 30min : la surface de coque va durcir, ce qui permettra ensuite à la collerette de se former, et aux macarons de monter correctement.
8) La cuisson, certainement la partie la plus délicate. Encore une fois, elle va dépendre énormément de votre four ! Pour ma part, je les cuis à 150°C pendant 9 à 10min. Les repères : les macarons clairs ne doivent pas prendre de coloration, et la collerette doit cuire. Le réglage de la cuisson demande beaucoup d'essais ratés, encore une fois, ne vous découragez pas, il m'a fallu plus de 8 mois pour trouver LE réglage idéal. Vous pouvez adapter la température de cuisson (qui peut descendre juqu'à 145°C, mais pas moins, et monter jusqu'à 180°C sur certains fours), et le temps de cuisson (de 7/8min jusqu'à 12/14min). Je vous recommande de regarder plusieurs recettes de macaron et d'essayer chacune des indications de cuisson, prendre des notes, et adapter.
9) Une fois les macarons cuits, glissez la feuille de papier sulfurisé sur le plan de travail et laissez les complètement refroidir sur la feuille ! Ne soyez pas trop impatients !
10) L'assemblage : récupérez votre garniture qui attend sagement dans le frigidaire (préparée soit la veille, soit avant de réaliser vos macarons). Glissez la dans une poche à douille munie d'une douille unie n°8 et commencez à garnir les macarons : une coque sur deux (arrangez vous pour mettre les coques par paires de taille à peu prêt similaire, le but est tout de même que celà ressemble à quelque chose !). Ma position sur la question est que le goût du macaron vient principalement de sa garniture : n'hésitez pas à en mettre une vraie quantité, en veillant à laisser une couronne de vide pour permettre l'assemblage.
11) Placez ensuite la coque vide sur la coque garnie, en pressant légèrement pour que la garniture se répartisse convenablement. Placez les macarons dans un ou plusieurs grands plats à gratin, recouvrez d'un film plastique, et laissez maturer au frigidaire pendant 24h. Sortez les 2h avant de les déguster.
Bon appétit !
A suivre : des articles détaillés pour les garnitures des macarons chocolat, vanille, caramel et citron (dans un premier temps), un article sur la manipulation de la poche à douille, et des patrons pour former des macarons tous de la même taille !